L’événement est aussi un média et doit intégrer le digital

Pascal Cübb

Président fondateur - Sunglasses. Organisateur Les Chatons d’Or.

Depuis plusieurs mois, le secteur événementiel est challengé. Différentes formes
d’événement en ligne sont apparues. Quel est votre retour d’expérience sur les
événements en ligne auxquels vous avez pu participer ?

PC : Je produis, sur de nombreux événements, du live online sur les medias sociaux depuis des
années déjà.
On ne découvre pas ces formats, ils ne sont pas nouveaux. Ce qui apparaît clairement aujourd’hui c’est la nécessité de se réinventer, de sortir des formats éculés et qui se limitent à
une audience physique. Au-delà des contraintes sanitaires actuelles, il en va également des enjeux économiques, de la création de contenus parallèles « distanciels » versus les contenus « présentiels ». Les deux adjectifs à la mode du moment avec le « Phygital »… l’enjeu étant la diffusion et la médiatisation de tous ces contenus pour être efficace.

Suite à vos dernières interviews de dirigeants en Live sur les réseaux sociaux, pensez-vous que ce format interactif à de l’avenir pour le secteur événementiel ?

PC : Oui, clairement ! Au-delà de l’audience engagée et de l’intérêt porté par les participants, les
réseaux sociaux sont des véritables « Supports médiatiques » aujourd’hui.

Ce qui change également c’est l’émergence de formats plus longs. Mais il faudra, pour
convaincre, savoir présenter des contenus intéressants, avec des invités inspirants et apporter
de l’originalité dans la façon de les présenter. Un rythme, un style et une ligne éditoriale
originale.

 

Quel est votre pire souvenir lors d’un d’un événement physique qui ne pourrait se reproduire sur un événement 100% en ligne ?

PC : J’en ai eu des bonnes galères sur des événements… mais on a toujours réussi à s’en sortir.
Ma première opération digitale interactive et mobile dans les gares pour la SNCF, c’était en
2007, a été un moment particulièrement stressant… le Wifi était verrouillé et le réseau trop
faible pour se connecter. On a du hacker le réseau de la SNCF sans leur dire… je peux
l’avouer maintenant.
Quand cela arrive sur du online, c’est souvent du soit à une mauvaise préparation, soit à un
problème avec le réseau ou les plateformes de diffusion. Et quand c’est planté, c’est mort.

Pensez-vous que certains événements doivent désormais intégrer encore plus de digital dans leurs réflexions stratégiques ?

PC : Oui et pour deux raisons essentielles. La première, économique. Compte tenu de la crise qui
nous attend sur un plus ou moins long terme, il va falloir faire « mieux » avec « moins ».
Imaginer des contenus plus souples, plus courts, plus simples à mettre en œuvre … et la valeur
ajouté que peut apporter le digital (ou « distanciel ») devrait nous permettre de le proposer.

La deuxième, pour des questions d’audience. Le digital permet de démultiplier son audience
et de faire participer celle-ci sans être présente physiquement. Enfin, nous constatons que la
crise du Covid a déjà changé beaucoup de nos habitudes et particulièrement concernant le
travail à distance, l’utilisation des plateformes vidéo, les plateaux virtuels, etc…On peut faire
beaucoup de choses sans avoir à se déplacer, sans être présent physiquement. Cela fonctionne
également pour les événements.

Vous faites partie de l’organisation des Chatons d’Or 2020 qui cette année sera 100% digital. Comment allez-vous transformer cet événement physique en un événement en ligne ?

PC : Nous étions déjà fortement digitalisés sur les éditions précédentes. La cérémonie de remise des
prix était diffusée en live sur nos réseaux, un plateau d’interviews en direct également. De très nombreux contenus digitaux étaient publiés régulièrement sur toute la durée du Festival.

Le plus difficile a été de prendre la décision d’y aller… après quelques semaines de déception
mêlée à la sidération, la confirmation qu’il serait impossible de produire au Conseil
Economique Social et environnemental, nous avons beaucoup réfléchi sur notre légitimité,
notre envie de continuer malgré les difficultés, nos engagements également. Après avoir fait
le tour de nos partenaires, il est apparu évident qu’il fallait y aller.
On a renforcé la partie digitale avec d’autres contenus, un nouveau site et une émission
hebdomadaire dédiée et diffusée largement sur tous nos réseaux et ceux de nos partenaires.
Les votes se feront en ligne et la cérémonie de remise des Chatons d’Or sera entièrement
digitalisée et diffusée en direct.

 

Quelle est votre vision de la transformation digitale événementielle à moyen terme ?

PC : L’événement est un aussi un média. Comme tous les médias, il doit intégrer cela. Le digital n’est plus un sujet, il est partout. Si l’on prend l’exemple de la Presse, après quelques années d’hésitation et d’adaptation, elle retourne vers la croissance. Le digital boostant le print également. Certains ont raté le virage de la transformation. Ils ne sont plus dans la course aujourd’hui.

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