Le digital se doit d’être au service de l’événement

Stéphane Mira

Consultant – Concepteur-Rédacteur en Evénementiel Freelance

Vous êtes spécialiste en stratégie et élaboration de concepts pour les événements. Quel conseil de positionnement pourriez-vous donner à court et moyen terme aux organisateurs d’événement ?

SM: Plus que jamais l’avenir est aux événements qui apporteront une haute valeur ajoutée à l’individu et à la communauté réunie tout en ayant un impact positif sur le monde

Pensez-vous que les derniers événements (attentats, crise sanitaire…) vont durablement faire évoluer les formats des événements physiques ?

SM: Les attentats ont contraint les organisateurs d’intégrer une sécurisation de sûreté et la crise du covid-19 impose en plus aujourd’hui une sécurisation sanitaire.

Afin de respecter les consignes sanitaires, de limiter les risques et de regagner la confiance des annonceurs et des publics des tendances déjà amorcées vont se confirmer.

Nous verrons se développer les événements en plus petits comités, les événements qui proposeront plusieurs sessions identiques répétées, les événements à haute valeur ajoutée qui seront utiles et mériteront le déplacement afin de vivre une véritable expérience individuelle et collective, les événements locaux multi-sites en visioconférence et les événements itinérants à la rencontre de leurs publics.

Selon vous, quel rôle va jouer le digital dans le secteur de l’événementiel ?  

SM: Tout d’abord, l’intégration du digital dans le secteur événementiel n’est pas un phénomène nouveau.

Il en est depuis un moment devenu un des composants indispensables. Avec la crise sanitaire que nous traversons le digital permet aujourd’hui de maintenir le déroulement de certains événements malgré la pandémie.

Les annonceurs y voient aussi 3 avantages : un gain de temps (temps de préparation réduit), un gain financier (restrictions budgétaires) et un gain environnemental (moins de déplacement).

Cependant la richesse de la rencontre humaine, le contact, le lien social, la convivialité et l’émotion que permet un événement présentiel est irremplaçable et le digital ne pourra jamais le remplacer.

Le mix idéal réside dans un événement présentiel que relaye le digital pour toucher une audience plus large.

Différentes solutions proposent de transposer en ligne un événement physique. Pour réussir cette opération, faut-il repenser son événement autrement ou juste transformer chacune de ses composantes vers une forme digitale ?

SM: Un événement distanciel en digital ne doit en aucun cas être un événement dégradé mais dans tous les cas un événement adapté. L’événement doit absolument être pensé initialement pour le digital. Cela passe par un concept fort, des formats variés, un scénario bien ficelé, une ligne éditoriale, du rythme, des contenus inspirants, l’humain au centre avec des histoires fortes, de l’interactivité, des moments d’échanges et de partages, des icebreakers, des temps online et offline, et tout cela dans un temps en ligne réduit (3 fois moins long qu’un événement en présentiel) pour être le plus impactant possible.

Réalité virtuelle, webinaires, application mobile, réalité augmentée, live vidéo conversationnel, … Sur quelles technologies les organisateurs d’événement devraient-ils miser pour amorcer une digitalisation ?

SM: Les capacités exceptionnelles du digital offrent de formidables outils à l’événementiel mais qui restent des outils nus. Il n’y a pas de recette miracle. Un événement qu’il soit présentiel, distanciel ou hybride est d’abord une rencontre avec un public. Cette rencontre se doit de créer de l’émotion, de l’échange, du partage et de faire vivre un moment exceptionnel pour marquer les esprits. La bonne technologie digitale c’est celle qui apporte une plus-value à un événement donné et lui permet d’atteindre ces objectifs. En ce sens le digital se doit d’être au service de l’événement et non le contraire. Je n’ai par exemple, même si c’était une prouesse technologique, pas été convaincu par l’édition virtuelle du Laval Virtual World qui manquait terriblement de chaleur humaine.

Pensez-vous que votre métier de concepteur en événementiel va changer avec la digitalisation de certains événements ? Si oui comment ?

 

SM : Encore une fois, la digitalisation des événements n’est pas un phénomène nouveau. J’intègre déjà le digital aux événements que je conçois depuis plusieurs années, que ce soit dans leurs phases pre-event, event ou post-event. Ce qui change aujourd’hui c’est que face aux contraintes sanitaires la demande d’événements distanciels est plus importante. Il s’agit toujours pour moi d’embarquer les publics, de raconter une histoire, de créer de l’émotion, de l’adhésion, de l’enthousiasme, de faire vivre une expérience individuelle et collective durable. L’exercice est certes différent car mon intervention consiste aujourd’hui à événementialiser le digital !

Mais pour ne rien vous cacher, j’ai hâte de revivre les instants magiques que sont la ferveur d’un public et les frémissements d’une salle tout en m’appuyant sur le digital pour donner une résonance à l’événement, car l’avenir est hybride.

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