Allons-nous vers une hybridation des évènements ?

Thierry Weber

CEO Breew. Président Swiss Marketing Vaud. Co-Founder Well Media (Lausanne, Switzerland).

Avez-vous pu observer ces derniers mois en Suisse comme en France des changements de formats d’événement vers des formats soit hybride soit 100% digital ?

TW : Cette crise sanitaire et économique nous oblige à nous réinventer. A l’image du télétravail qui est devenu une évidence pour plusieurs entreprises, les manifestations ont elles aussi dû se réinventer et s’adapter. En tant qu’organisateur d’événement moi-même, il est clair que le présentiel n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant et le « en ligne » devient la nouvelle piste à explorer. Ce n’est pas une orientation 100% numérique que l’on constate ici en Suisse mais tout porte à croire que tout le monde sera obligé d’y penser ou de s’y mettre. La visio-conférence est devenue un standard pour plusieurs métiers en effet.

 

Le secteur de l’événementiel cherche de plus en plus à trouver des alternatives grâce au digital. Quel est votre retour d’expérience sur les événements en ligne auxquels vous avez pu participer ?

TW : J’ai plus d’expériences du côté organisateur que de participant. Sur ce second point et au vu de ma modeste expérience, on voit clairement une nette différence entre les évènements qui avaient déjà « une ADN numérique » et les autres qui s’y essaient. Clairement cette période va être décisive pour beaucoup d’acteurs qui devront réajuster leur tir rapidement pour sortir du lot. Rester attractif, garder un rythme mais aussi proposer de véritables manifestations en ligne sont les défis pour ces organisateurs.

 

Vous organisez plusieurs événements physiques. Pensez-vous les proposer à l’avenir dans un format différent ? 

TW : Cela ne fait maintenant plus aucun doute que tous nos événements seront « doublés » ou plus précisément complétés par une offre en ligne. Ce fut déjà le cas par le passé durant lequel nous avons connu de véritable succès en physique comme en ligne. Anecdote amusante : juste avant le confinement une de nos conférences fut annoncée en live et ceci gratuitement pendant que la conférence physique elle, se tenait dans un lieu accessible à nos membres par entrées payantes. Que ne fut pas notre surprise de voir encore plus de participants physiques s’inscrire et payer pour assister à cette conférence qui était dispo sur Facebook dans le même laps de temps. Une preuve de plus qu’il s’agit bien de complémentarité et non de concurrence. En plus, cette partie réseautage que l’on peut faire que physiquement est véritablement la grosse différence entre ces deux façons de faire.

 

Pensez-vous qu’à court ou moyen terme, les événements doivent avoir une réflexion stratégique plus ancrée dans le digital ?

TW : Tous les évènements, en tous cas pour ceux que je vois ici en Suisse, doivent se réinventer. On peut reparler d’ADN numérique à avoir ou tenter de s’y rapprocher. Je vois encore beaucoup trop de manifestations pour lesquelles il faut payer pour assister à une « lecture d’un Powerpoint » par un speaker qui, en plus regarde son écran dos à l’assistance, et qui n’amène aucune valeur à ses propos identiques à l’écran. On doit repenser l’expérience et l’apprentissage. Dans mes évents j’aime que les participants en sortent grandis et avec des connaissances supplémentaires. Le numérique est un outil de plus pour y arriver et compléter tout cela. « L’après évent » est aussi très important et tout trouvé pour être mieux défendu/capitalisé en numérique.

 

Internet permet de transposer un événement physique en un événement en ligne. Quelle sont selon vous les composantes essentielles pour réussir cette transformation ?

TW : Complément serait le mot en forme de réponse à cette question. Tout transposer en ligne c’est tout à fait réalisable, sauf peut-être la partie réseautage mais pour tout le reste, nous avons beaucoup d’opportunités d’amener aux participants beaucoup de matière et d’éléments utiles. Reste la question de l’animation, elle est autant importante sur scène que sur un écran et là, il y a encore beaucoup de travail. On ne peut pas par exemple, se contenter de lire un texte assis derrière un écran, face caméra pour s’adresser à son audience. Là aussi il faut se réinventer.

À moyen terme, les évènements physiques devront-ils aussi proposer systématiquement une expérience digitale ? Si oui sous quelle forme ?

Comme déjà dit, tout ceci est déjà en marche, c’est déjà une évidence que les évènements physiques soient complétés par une offre numérique. Un simple exemple en forme de pratique systématique en tant qu’organisateurs d’évents : nous capturons en vidéo toutes nos conférences, nos évents et rendez-vous physiques pour les capitaliser en ligne sous forme de replay, de promos, de supports et cas d’école qui servent à un public très large. Cela contribue largement à l’image de nos manifestations et de leur marketing. On peut faire beaucoup plus pour enrichir l’expérience utilisateur, en l’occurrence celle du participant, avec toute l’offre numérique actuelle à laquelle nous avons accès. Ce ne doit pas être un souci technique ou un coût important qui doit vous empêcher d’agrémenter vos évents de cet aspect numérique à forte valeur ajoutée.